Elaine JUTEAU, Département arts et lettres, Université du Québec à Chicoutimi

 

Récit de création sur les traces de l’œuvre théâtrale « J'aurais aimé traverser »

 

Retour réflexif, sous forme de récit de création, sur J'aurais aimé traverser, mon projet de fin de maîtrise. La création entre théâtre, performance et événement a été présentée huit fois dans un local commercial de la rue Jacques-Cartier à Chicoutimi, en novembre dernier. Elle fait suite à une longue résidence au Mexique dans la ville de Toluca. À travers une dramaturgie performative, la création met en jeu trois actants qui ouvrent un espace ludique et convivial d'actions/réflexions sur les malentendus culturels (sur la nourriture, la musique, l'éducation), sur leur ouverture aux autres (trop présents au Toluca et absents à Chicoutimi), leur dialogue/relation à la mort (de l'autre ou avec l'autre) et la confusion de leurs identités. Sur le plateau, les corps se transforment, dans un va-et-vient entre un corps «ordinaire », à un corps «augmenté » (avec des accessoires tels que perruques, robe à paillettes, masque, chienne, outils, pinceau, peinture, marionnette, planche, micro ou beaucoup d'oranges...) donnant signe, l'espace d'un moment, d'un personnage et sa fiction. À cette plasticité des corps s'associent les traces sonores de notre immersion dans la ville de Toluca, mais aussi de sons composés, étranges, de voix modifiées. De même, les vidéos filmées au Mexique sont remises en jeu comme des réminiscences sur la scène saguenéenne, telles des fenêtres sur les paysages de là-bas. Enfin, les traces de notre démarche conviviale au Mexique deviennent une transposition incongrue et inquiétante dans la rue à Chicoutimi (offrir une orange dont la majorité se méfie) ou en proposant aux spectateurs de partager des tacos fabriqués en direct...

 

La communication traitera des résultats de cette recherche-création qui tente de décloisonner le jeu de l'acteur vers d'autres modes de présence et vers d'autres enjeux esthétiques et discursifs, et ce en s'appuyant sur des méthodes collaboratives et performatives, et dans une volonté interculturelle, interdisciplinaire de co-création. Elle mettra en valeur le processus de création qui a poussé l'équipe à explorer des espaces (en) communs et inusités, hors des lieux du théâtre conventionnel, de Toluca au Mexique jusqu'au Saguenay au Canada. À partir d'extraits de la présentation finale, j'expliquerai la répercussion du processus de l'acteur sur la réception du spectateur qui se trouve à son tour décentré ainsi que le travail réalisé autour de l'espace convivial créé avec le spectateur, où celui-ci est amené à réfléchir avec nous sur les différentes façons de se représenter.