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Mourad BOUSSETTA, Faculté des lettres et des sciences humaines, Université Laval

 

 

Tourisme et nationalisme en Tunisie, déchirement entre deux modernités

 

 

En Tunisie, le tourisme s'est construit sur un fond de crise politique déchirante entre deux symboles de la lutte nationale pour l'indépendance. Le premier, Salah Ben Youssef proche du panarabisme nassérien et le second Habib Bourguiba, fervent défenseur de la modernité occidentale. Au lendemain de son ascension triomphale à la présidence, Bourguiba va considérer le tourisme comme un pilier de modernité économique et socioculturelle. En effet, le tourisme génère des emplois et des devises étrangères mais permet aussi au citoyen tunisien de côtoyer l'Individu occidental (le touriste). Ainsi, la Tunisie sera selon Bourguiba penchée sur son balcon occidental et non sur sa cour arrière. Cependant, le tourisme approfondit le clivage urbain connu depuis le moyen âge entre Iqlim (monde urbain) et Badia (monde rural) (Ibn Hawkal, 1995). Figure illustre de la modernité verticale imposée par l'État (Wannas, 2002; Dhawadi, 2007), le tourisme n'a fait qu'augmenter l'injustice sociale en devenant l'apanage d'une zone géographique bien déterminée, à savoir le littoral. Comment comprendre ce mariage politique entre tourisme et modernité en Tunisie? Est-ce que le tourisme peut encore jouer ce rôle de modèle de développement (économique et culturel) après qu'il soit devenu la cible privilégiée d'islamistes fondamentalistes (Ghriba 2002, Bardo 2014, Sousse 2015)?  Telles seront les questions soulevées durant ma communication.

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