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Simon-Pierre LACASSE, Faculté des arts, Université d’Ottawa

 

 

L’orthodoxie juive à la rencontre de la modernité : la communauté hassidique des Tasher face au Québec de la Révolution tranquille (1950-1970)

 

 

En 1963, une secte juive hassidique, les Tasher, quitte Montréal pour s’établir en milieu rural. C’est près d’une décennie après avoir rassemblé dans la ville une poignée de ses membres qui avaient échappé au génocide nazi. Mes recherches visent à examiner le processus par lequel cette communauté immigrante ultra-orthodoxe à caractère isolationniste intègre le Québec dans le contexte de la Révolution tranquille. Plus précisément, il s’agit de comprendre comment l’intensification de l’orthodoxie juive trouve un espace d’affirmation dans la modernité émergente du Québec. En effet, les Tasher font dans le contexte québécois l’expérience nouvelle d’une pleine égalité des droits, contrastant avec le statut de minorisation et de discrimination qui caractérisait leur cheminement en Europe de l’Est. D’une part, la mobilité sociale qu’offre ce statut légal lève les barrières externes qui contribuaient à l’isolement du groupe; inversement, il leur offre des moyens légaux pour préserver leur caractère religieux au sein de la société libérale qui les abrite. Le paradoxe est frappant : c’est avec les notions qui émergent au sein de la modernité que les Tasher cherchent à se prémunir contre ses périls. Ce travail s’appuie sur l’analyse de sources documentaires inédites issues de correspondances entre la secte hassidique et la municipalité de Boisbriand, entre les différentes institutions de la communauté juive montréalaise, ainsi qu’une analyse de la couverture médiatique du phénomène.

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